Les pluies diluviennes ont cessé.
Giboulées de mars en septembre. Pourquoi pas ?
Appréhender Paris à nouveau.
Mon léger hâle resistera-t-il à la Rentrée ?
Se souvenir de ce bel été qui aussi bien dans le sud qu'à l'ouest a tenu ses promesses.
Et le soleil aussi
(ceci expliquant cela sans doute en grande partie).
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Petit acte de résistance d'une amie qui m'est chère et que je souhaitais partager avec vous (avec son consentement of course) parce que ses mots, si bien choisis, son ton, aimant malgré tout, méritent le plus grand respect et je doute que le destinatatire de sa missive en soit capable.
"Bonjour, Dominique.
Je vous remercie encore du dîner dans le cadre magnifique de ce restaurant de La Baule.
Je voulais, avant d'être happée par le rythme de l'année scolaire, sortir du silence et du malaise qui m'ont empêchée de pleinement le savourer. J'ai craint, lors du dîner chez vous de dimanche soir, de vous froisser et surtout de froisser Gonzague en réagissant à vos propos, d'autant que Gonzague y a réagi lui-même, j'ai craint de mal m'exprimer, de m'emporter, de ne pas trouver des mots à la fois explicites et aimants, mais je regrette cette crainte et ce silence, plus dangereux pour les relations, je pense, que l'expression, même maladroite.
J'ai été surprise et consternée par vos propos sur votre patron, qui semblaient refléter des clichés faux et nauséabonds sur les juifs, ces caricatures qui ont débouché sur la piètre attitude de la France durant l'Occupation. Tout le monde, tous les historiens savent que la proportion de juifs pauvres et riches (les ´gros juifs', peut-être, que vous évoquiez) est sensiblement la même que pour le reste de la population, et si certains ont su s'enrichir à travers le commerce, mais aussi l'artisanat, c'est essentiellement, comme vous le lirez n'importe où, pour des raisons historiques, parce que pendant longtemps et dans de nombreux pays, tout autre emploi leur était interdit, parce que la persécution développe aussi les ressources d'intelligence et de capacité à survivre.
Il n'y a pas non plus de "caractère juif", pas plus qu'il n'y a un seul et unique caractère chrétien. Parmi les traits communs, on pourrait relever le goût de l'étude lié à la pratique et au commentaire permanent de la Torah, et quelques autres caractéristiques liées à la pratique d'une même religion, comme pour les chrétiens. Que votre chef ait été un type tordu, c'est probable, mais ce n'est pas en raison de son appartenance au peuple juif, un peuple sans unité, disséminé dans tous les pays du monde. Votre chef partage, comme nous tous, l'insuffisance attachée à la condition humaine, l'universelle méchanceté répandue tout autant, en chacun de nous, que la disposition à faire le bien.
Je regrette que vous, un homme éduqué, croyant dans une religion qui affirme la fraternité de tous les hommes, vous laissiez aller à la facilité d'un antisémitisme vieux comme le monde et indigne de l'ouverture et de l'intelligence que vos merveillleux enfants et petits-enfants professent. On a tous nos idées reçues, nos ignorances, personne n'échappe à la règle, mais ce stéréotype a eu des conséquences historiques si ravageuses qu'on ne peut plus, je crois, le colporter encore sans le soumettre à un examen critique, sans quoi on s'expose soi-même à être catalogué d'une manière déplaisante. Par ailleurs, mon grand-père est juif, mon frère est juif, vous le savez bien, et vos remarques m'ont attristée d'une manière toute personnelle. Je ne pouvais pas ne pas réagir à un moment ou à un autre. Je préfère le faire ainsi, par écrit et seulement entre vous et moi, que publiquement. Je suis,´comme votre chef, comme vous,´comme chacun d'entre nous, soumise à la tension entre le bien et le mal, et c'est sans arrogance aucune que je vous écris, me sachant bien imparfaite et la proie moi aussi de nombreux aveuglements. C'est juste que ce silence me pesait et que je sais pouvoir trouver chez vous un lecteur compréhensif, le grand-père de mes enfants que je respecte et dont je souhaite qu'il leur transmette ce qu'il a de meilleur.
Je vous embrasse,
Barbara"
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Voilà, nous sommes en août 2015. Chaque jour, lutter pour que ne s'installe pas la bêtise. Et comme le disait Einstein "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire".
Sur ce, je vous souhaite une délicieuse rentrée.