Désordre - Chapitre 1
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier. Je ne sais pas.
Non… ce n’est pas cette histoire.
Aujourd’hui, papa est mort.
Non plus.
Aujourd’hui, ma naïveté est morte.
La nouvelle est tombée : Papa a (ou a eu) une maîtresse.
L’info ne va pas faire le tour du monde. Maman a eu la délicieuse délicatesse de me transmettre le message et je pense que la chaîne de l’information va s’arrêter là… Elle et moi dans le secret. Et puis lui et elle, bien sûr. Inutile d’en faire l’ordre du jour de la prochaine réunion familiale…
Lui en vouloir, le renier, ne plus l’aimer ?
A quoi bon. Cette voie (voix ?) là, avant même de la prendre, résonne comme une impasse… On a tous besoin d’un père.
Lui crier ma haine à la figure pour l’image d’Épinal, tant bien que mal jusque là préservée, mais aujourd’hui détruite ?
Essai 1 :
La fille : "Dis, Papa, as-tu pensé à la piètre image des hommes que tu me donnes à la veille de mon mariage ?"
Essai 2 :
La fille : "Dis, papa, veux-tu que nous modifions le texte du faire-part ?
Avec essai Faire-part 1 : "Monsieur, sa maîtresse et Madame ont l’honneur de vous part du mariage de leur fille avec leur gendre…"
Avec essai Faire-part 2 : "Monsieur et Madame ont l’honneur de vous part du mariage de leur fille avec leur gendre et sa future maîtresse…"
Choisir le silence ? Continuer à l’aimer comme si de rien n’était ?
Essai 1 :
La fille : "Dis, Papa, comment va faire ta fille aînée pour continuer à te regarder dans les yeux, tout en sachant le secret, mais tout en le taisant ?"
Jouer la malicieuse ?
Essai 1 :
La fille : "Dis, papa, le miroir offert à Maman pour Noël : était-ce une façon diplomate de lui demander d’ouvrir les yeux sur votre mariage qui va à vau l’eau ?"
Pas la tête à ça… pas ce matin en tout cas…
Essai XX :
La fille : "Et les petites boîtes offertes à tes deux filles à Noël : une future réserve pour leurs pilules de Prozac au cas où elles connaîtaient un jour cet affront?".