Challenge ABC #4
Et non, je ne suis pas morte ! Juste anéantie par le débordement manque de forces vives qui anime tous mes interlocuteurs Assedic qui arrivent tout juste à soulever leur combiné quand je compose le 0 811 01 01 75 pour me parler soit du mauvais temps soit du RV qu'ils ne peuvent me fixer que le 25 juillet... alors je me tue à leur expliquer que je dois les rencontrer impérativement avant le 19 juillet.
Alors, je vous donne un conseil d'ami : surtout, surtout, ne faites jamais ce numéro de téléphone, vous rentreriez dans la 18ème dimension et là si tu mets juste un orteil tu es aspiré(e), broyé(e), lobotomisé(e), détruit(e)... bref rayé(e) du mondes des êtres vivants.
Donc ce soir je suis lobotomisée. Dans l'impossibilité de vous pondre quoi que se soit d'intéressant. Je suis donc allée jeter un oeil dans ma réserve de billets rédigés à l'avance et j'y ai pioché un billet. Billet que j'ai toujours hésité à mettre en ligne car je sais que habituellement quand je vous cause de bouquin dans le cadre de mon challenge ABC je vous perds au bout de la 2ème ligne... mais je suis comme ça, je me suis engagée à lire 26 livres dans l'année et à en faire la critique, donc 26 fois, je vais vous em****** !
(A partir de là, tu peux t'arrêter, je t'aime quand même. Si vraiment toi tu m'aimes aussi, tu continues.)
Sexe et dépendances de Stephen McCauley, Flammarion, 310 p.
Stephen McCauley, auteur américain de quatre romans à succès dont deux adaptations au cinéma, l'une aux États-Unis (L'objet de mon affection), l'autre en France (La vérité ou presque, avec Karine Viard et André Dussolier, sortie prévue le 12 septembre), nous livre ici son 5ème roman.
De quoi ça cause ?
William Collins, agent immobilier dans la jungle urbaine de Boston, maniaco-dépendant du ménage et de la propreté (faiblesse dont abuse d'ailleurs sa locataire en lui refilant son linge à repasser !), et homosexuel addict des rencontres internet caresse un rêve un secret, celui de se "ranger", symboliquement illustré par son désir de réussir à lire enfin, paisiblement installé sur sa méridienne, le roman d'une jeune fille déjà rangée (Simone de Beauvoir) Les Mandarins au lieu de s'envoyer compulsivement en l'air avec des inconnus après chacune de ses journées de travail !
A l'aube de ses 45 ans, Willima Collins a donc un rêve : donner un sens à sa vie.
Commence alors, pour lui, une reconversion, non parsemée d'embûches, pour trouver une vie intérieure plus riche, et pour nous, lecteur, une succession d'épisodes insolites, drôles et touchants.
Ce que j'en ai pensé :
Comédie des erreurs, Sexe et dépendances est un roman ironique et émouvant dans lequel l'auteur nous régale de son sens de la formule "J'avais récemment fêté mes 40 ans et plus récemment encore mes 44 ans" et de son cynisme délicieux "Lorsque les gens sont ensemble depuis 5 ans, je les range d'habitude dans la catégorie "mariés", et lorsque la relation date de plus de 10 ans, les deux partenaires deviennent pour moi deux locataires qui ont la particularité de coucher ensemble de temps à autre".
Le roman, ponctué dans son premier tiers par de nombreuses réflexions légères et drôlissimes, glisse peu à peu vers une profondeur et une densité qui font écho aux changements qui s'opèrent dans la vie du narrateur.
La phrase qui tue (ou la définition pour le moins décalée de la monogamie) :
"On ne déconne pas avec d'autres gens. Pas de triplettes, pas de bandes organisées. Il n'y a que nous deux. Quand on est ensemble."