Y a pas que Monoprix qui me soule en ce moment
{Laver son linge sa vaisselle sale en famille}
Hier, déjeuner au restau avec mes parents. Un déjeuner comme d'habitude : sans âme, pendant lequel personne ne s'écoute vraiment. Au dessert, une question banale de ma part, balancée sur le ton de l'humour, au sujet d'une avance sur héritage que mon père prévoit de faire à ma soeur et à moi. En apparence, ce cadeau a tout d'un cadeau généreux. Mais à y regarder de plus près, il a tout, pout moi, d'un cadeau empoisonné.
Mon père réagit mal à ma question. Très mal. Alors que c'est lui qui m'a appris à ne jamais signer un document sans avoir au préalable posé de questions.
Les larmes me montent aux yeux. Pour éviter de donner en pâture le spectacle d'une femme enceinte jusqu'aux dents en pleurs dans une grande salle de restau, je me suis très dignement levée, j'ai enfilé mon manteau rouge, pris mes paquets et mon sac et suis sortie. Là, je me suis effondrée en pleurs sur le trottoir.
Après avoir passé l'après midi à réfléchir à cet épisode, j'ai envoyé un mail à mon père : "Comme tu me l'as proposé au restaurant, je laisse ma part à ma soeur(...) Par conséquent, dans la mesure où ma décision ne lèse ni toi ni ma soeur, je souhaiterais ne plus être "embêtée" par cette affaire, ni d'ailleurs par toute autre affaire qui manquerait de bienveillance à mon égard et ne prendrait pas en considération ma sérénité, mon bien-être et ma tranquillité... surtout pour les mois à venir".
{Quelle misère de devoir écrire cela à ses parents}
Mon père, malgré le risque de dispute que cela peut engendrer au sein d'une fratrie, veut nous donner un bien en indivision. Je dis STOP.
Mon père, malgré mes huit mois de grossesse, veut me fair courir tout Paris pour que l'acte soit signé impérativement avant fin décembre afin qu'il paye moins d'impôt. Je dis STOP.
Mon père, malgré toute la paperasserie que je me suis déjà enfilée (assedics, prud'hommes) m'engueule parce que je n'ai pas pris la peine de lire l'acte de donation. Je dis STOP.
Mon père se moque de moi quand je pose des questions sur un éventuel droit de préemption de la mairie de Triffouillis-Les-Oies sur le bien en question. Je dis STOP.
Alors bien sûr dans cette histoire je m'assieds sur une petite somme d'argent assez rondelette (merci Arthur Miller pour ton approbation ta compréhension...) mais sous couvert de -fausse- générosité, je ne vois plus pourquoi je devrais accepter d'en passer par tant de nombrilisme et d'égocentrisme sans aucune bienveillance à mon égard.
Sur ce, j'ai quand même encore envie de pleurer. Mais bon, je mets ça sur le compte des hormones.
Edit Dimanche : Même la loi me pourrit la vie... Ma soeur vient de m'appeler : si je me désiste, c'est elle qui sera pénalisée car elle me devra, au décès de mes parents, une compensation financière, liquidités qu'elle n'aura pas forcément. Donc si je maintiens ma position, c'est dès maintenant que je crée des tensions avec elle... ce que je voulais éviter. C'est comment qu'il dit Caliméro ? "C'est vraiment trop inzuste" ? Oui, c'est ça, vraiment trop inzuste. Je voudrais réussir à en rire.
Illustration Raquel Aparicio.