Je crois que boire un p'tit coup me ferait du bien...
Je suis deux. Encore pour quelques temps, mais plus pour très longtemps.
J'ai cette conscience bien ancrée. Ce bébé que je porte n'est pas moi, il est un autre. Je le sais. Mais du coup c'est comme si cela m'empêchait de me connecter à moi et à mes émotions. Par respect pour ce petit être que je porte. Pour donner l'illusion de le protéger encore un peu.
Mes doutes, mes angoisses, mes carences tournent en rond dans ma tête et je n'arrive pas à les prendre entre quatr'yeux pour qu'on cause sérieusement. Leur course folle fait un étrange brouhaha qui ne me laisse pas tranquille, crée une tension que seules des larmes apaiseraient mais je n'arrive pas à ouvrir les vannes... Parce que je n'arrive pas à être en lien avec moi-même. Alors je survole. Je donne le change. Je triche.
La dérision, les petits coups de flip qui peuvent faire rire Arthur Miller ou mes amis ça noie bien le poisson mais moi je ne me fais pas rire. Parce que je sais ce qu'il y a au fond. Cette trouille au ventre de celle qui a critiqué, critiqué et encore critiqué ses parents et qui peut-être au final ne fera pas mieux. Parce qu'avoir la responsabilité d'un enfant, c'est énorme. Parce que comprendre un enfant, ça m'apparait maintenant insurmontable, surtout quand on a été soi-même enfant considéré comme une chose, sans envie, sans besoin. Parce que je ne suis pas prête pour ce tremblement de terre qui s'annonce et dont la magnitude n'a même pas encore de référence sur l'échelle de Richter.
Cet enfant je l'ai voulu plus que tout. Et mes craintes n'enlèvent rien à cette volonté et à ce désir. Mais voilà : mon ventre si gros, mes douleurs quand je me tourne la nuit, ma démarche lourde et lente, mon visage bouffi et mon corps déformé que je ne reconnais plus me font prendre conscience d'une réalité que j'avais fantasmée, idéalisée, et qui maintenant me rattrape dans toute sa vérité crue.
Je crois que j'ai peur. Sacrément peur.
Et je me fatigue moi-même de ce manque de confiance.
Est-on jamais prêt à changer définitivement de vie ?
Sur cet optimisme débordant qui me caractérise, je vous souhaite un Noyeux Joël.
PS : Si je me souviens bien, tous les livres sur la grossesse que j'ai lus mentionnaient une inondation d'hormones qui font voir la vie en rose à quelques jours de l'accouchement. Mouais. Frappée par la fièvre et une toux désagréable depuis hier, je me dis que c'est peut-être ces satanés microbes et germes qui ont coupé les vannes des hormones du bonheur. Wait & see.
PS 2 : Oui je sais j'ai pas répondu à vos précédents commentaires. Sale môme que je suis.