Seule(s)
Ce soir n'est pas un soir comme les autres. Arthur Miller n'est pas là. Il ne rentre que demain. Je suis seule. Mais à deux. Seule(s) donc.
L'appart est vide. Comme toujours quand il n'est pas là. A peine levée ce matin que je sentais déjà ce vide. Qui ne m'a pas quitté de la journée. Et pourtant, les autres jours, il est aussi absent de la journée mais aujourd'hui c'était pas pareil.
Ma fille dort.
Partout dans l'appartement, sa présence. Ses jouets dans le parc. Les si nombreux livres sur la grossesse/maternité/paternité que nous avons lus (et continuons à lire) éparpillés sur la table basse. Sa tétine qui traine sur le bar de la cuisine. Sa poussette rose qui "décore" depuis 3 mois notre salon.
Je me sens seule et pourtant j'ai la conscience bien aiguisée de cette deuxième présence si frêle qui habite mon appartement.
C'est étrange. Seule à deux.
Bientôt je vais entendre des petits bruits venant du couloir. Des gémissements qui vont très vite se transformer en cris de faim.
Je vais me diriger vers sa chambre. Allumer la veilleuse. Lui caresser le visage tout en veillant à respecter son demi-sommeil. La prendre dans mes bras. M'asseoir sur le fauteuil blanc. Poser le coussin sur mes genoux. La déposer dessus. La nourrir. Comme toutes les nuits depuis qu'elle est née.
Puis j'irai me coucher. Seule. Pour la première fois depuis qu'elle est née.
{pas sûre de réussir à dormir}