Entre rires et larmes
Le monsieur de la télé nous a dit qu'il n'y en avait qu'un.
Deux, ça n'aurait pas été possible.
Un, c'est mieux.
Un, je vais peut-être sûrement arriver à me réjouir.
Même si je suis tétanisée par la peur. Même si c'est trop tôt.
Même si je suis paralysée par la fatigue à venir.
Et celle que je commençais tout juste à éponger.
Même si j'ai la désagréable impression que l'on me vole
l'enfance d'Elisa dont je ne pourrai pas m'occuper
comme je l'avais imaginé.
Même si.
Quant à la place, l'espace,
un matin où nous aurons un peu plus de temps
que les autres matins,
nous écarterons les bras et pousserons les murs.
Facile. Fingers in the nose.
Pas de quoi fouetter un chat.
Bien sûr c'est encore une fois une hérésie d'en parler si tôt.
Bien sûr on va faire comme si j'avais rien dit.
Bien sûr.
Car il reste les risques de fausse-couche, de trisomie 21,
de l'amniocentèse et autres folies qui accompagnent une grossesse.
Bien sûr je vais me réjouir de cet élan de vie
qui me dépasse, m'envahit, me rassure, me tourmente, me surprend.
Bien sûr.
Et si le scenariste de Dallas qui écrit ma vie
se souciait pour une fois de ce dont j'ai besoin,
je lui répondrais "de bras maternels dans lesquels
me lover et pleurer et qui me diraient ça va aller, ça va aller...
je vais te montrer, je vais t'aider".
source photo Mlle Lo