On avance... on avance, on avance...
Margaux. Un peu plus de 10 mois. Mon rouleau compresseur de bonheur. Qui rigole, qui se cache, qui joue, qui regarde sa soeur avec des yeux émerveillés, qui ne dormirait pas à la crèche si on ne la mettait pas au lit qui d'ailleurs ne dort pas à la crèche quand on la met dans son lit, qui en ce moment se réveille à 23 heures et à 3 heures du mat en pleurs, mais se rendort une fois la tétine dans la bouche. Margaux. Ma seconde. Mon bébé tout rond, tout doux, tout brun. Mon bébé qui grandit non pas dans l'ombre de sa soeur mais à l'ombre de notre temps à partager entre deux enfants...
Mon bébé qui rampe, qui escalade, qui s'est déjà mis debout tout seul pour attraper du chocolat, mon bébé qui trace, coûte que coûte, vaillamment, témérairement.
Mon bébé qui avance.
Mon bébé qui grandit.
Et moi qui vieillis. Ou qui grandis avec toi.
Demain soir, première nuit à 3 gonzesses. Arthur Miller en vadrouille et moi responsable de la maisonnée. Et je pense à ma mère qui pendant plusieurs années a vécu seule en semaine, seule avec ses deux filles, seule responsable de ses deux filles. Je comprends le poids. Je ressens le poids. Mais ça n'excuse quand même pas toutes les erreurs du manque d'amour, du manque de tendresse, de choses adultes confiées à des enfants, du manque d'esprit à demander de l'aide si la charge était trop lourde, du manque de légèreté dans le quotidien qui a plombé définitivement ma tête et mon corps.
Je repense à tout ça. Des choses remuent. De la tendresse affleure parfois.
Je ne sais toujours pas comment être une vraie adulte sans avoir été une vraie enfant. Pourtant je cherche, j'essaie, je tente. Je regarde autour de moi comment font les autres. Mais y a cette béance sous mes jambes et ce grand écart que je fais sans cesse pour ne pas tomber, essayant de garder un pied sur chaque rive.
Pour elles. Mes Filles. Pour qu'elles soient enfants. Pour qu'elles soient de vraies adultes, plus tard.