DeboutS
{Memo pour quand je serai vieille :
la photo date de ce we mais les 1ers pas eux datent du 16 septembre}
Non je n'ai pas disparu. J'encourage. J'applaudis. Je retiens les chutes. Je tiens la main. Et en même temps je me dédouble, je me multiplie, je me divise pour que la 1ère ne soit pas jalouse de l'attention portée à la 2nde qui évolue dorénavant presque debout (hip hip hip hourra ma Fille).
Puis je lis.
Et là, c'est que du pour moi. Après le diner, je descends. J'allume ma chambre, fais un petit tour par la salle de bain, reviens vers mon lit et m'y glisse. Et je savoure le plaisir qui m'attend. Rien que pour moi. Je prends mon livre et je plonge dans l'univers familial de Delphine de Vigan. J'avais aimé No et Moi, j'avais aimé Les Heures Souterraines, je savais donc en commandant ce livre que j'allais replonger dans une écriture qui me parle. Mais je ne savais pas que j'allais plonger dans une histoire si dense, si forte, si dérangeante par moment.
Pour savoir où on va il faut savoir d'où l'on vient. Et cela demande du courage.
{Memo pour quand j'aurai du courage :
Mon père a opté pour une bulle autistique depuis longtemps.
Ma mère oscille entre maladie d'Alzheimer et mythomanie.
Mon grand-père est très âgé.
Ma grand-mère est vraiment atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Mon oncle est mort.
Ma tante, la plus âgée, n'avouera jamais qu'il existe un monde autre que celui des Bisounours.
Reste ma tante, la plus jeune, si je veux un jour comprendre l'histoire de ma famille.
Mais me manque de toute façon le courage d'aller questionner, enquêter, sortir les morts du placard, fouiller, demander, déranger.}
Delphine de Vigan a entrepris cette folle aventure. Elle en a trouvé le courage. Et elle en a, en plus, écrit un témoignage bouleversant qui souvent touche le coeur de l'intime et qui parfois n'y arrive pas en toute conscience et c'est dans ces passages-là qu'elle me touche le plus. Parce que l'amour pour une maman est tellement fort que même adulte il nous embue le stylo. Alors elle emploie plusieurs procédés pour approcher au plus juste son histoire et tous ses outils font de son oeuvre un témoignage poignant de vie qui saisit d'effroi quand le malheur ne cesse de frapper, qui force l'admiration devant tant de forces vives, qui trouve echo par sa profonde justesse et surtout qui nous emporte au coeur d'un parcours initiatique et salvateur.
J'imagine que ses nuits tourmentées auraient pu s'opposer à son travail titanesque et la faire plier. Mais chez Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit.
Même "à trous", même "en creux", même "en absences", même "en ellipse", sa maman a été une sacrée maman. Debout jusqu'au bout.