Grande roue
Je décroche. La voix de ma mère.
- "Je t'appelle car jeudi soir Albert LeChat a eu un AVC. Il est paralysé du côté gauche. Je ne t'ai pas appelée tout de suite car.." Mes esprit se brouille, je n'entends plus.
Mon beau-père donc. Je m'isole pour encaisser le choc. En quelques secondes, mille choses passent dans ma tête. Je comprends pas pourquoi c'est elle qui m'appelle et pas ma belle-mère. Je comprends pas ce qu'elle vient faire dans cette histoire. Je me demande comment l'annoncer à Athur Miller avec le plus de précaution possible ? Je pense à mes filles. A 4 ans et 2,5 ans, comment parler de la maladie ? Comment sera l'avenir ?
En si peu de secondes la conscience de l'avenir modifié m'envahit. Je tremble.
- "Qui puis-je appeler pour avoir plus de nouvelles ?"
Et là, ma mère bafouille un prénom, qui n'a ni queue ni tête dans cette circonstance. Et je crie dans le téléphone :
- "De quel Albert tu me parles ?"
Et avant même qu'elle ait le temps de répondre, je comprends qu'elle parle du père du mari de ma soeur, Albert LeChien, et non de mon beau-père.
Je déteste ma mère. Je déteste cette femme pour mille raisons. Et aujourd'hui pour mille et une raisons. Parce qu'à cause d'elle, j'ai éprouvé du soulagement à l'annonce de l'AVC du papa de mon beau-frère (j'aime ces deux hommes, pour qui j'ai le plus grand respect, deux hommes gentils, attentionnés, humains, qui supportent ma soeur et dans ma famille c'est une qualité si rare donc si précieuse).
Ma mère, dans toute sa décadence d'âme. Et je sais qu'elle n'a pas l'émotion comme excuse, même si elle s'en est bien sûr servi comme excuse. Ma mère est de celle qui ne décroche même pas son téléphone pour m'annoncer le décés de son frère (le décés de mon oncle donc), elle laisse mon père me l'apprendre par mail. Plus fun, plus moderne, plus cool.
Ma mère vit, mais ma mère n'a aucun sens de la vie. Dès qu'elle y entre, ma mère pourrit ma vie.