Au nom du Père
Il était 14h34, ce samedi 24 janvier 2015.
Déjà longtemps que tu te posais des questions. Nous étions convenus, Arthur Miller et moi-même, que nous laisserions passer ce noël-ci et que si tu reposais une question sur son existence, nous te livrerions la vérité. Ensemble.
Je crois que c'est une affirmation de ta maîtresse qui a eu raison de ta naïveté. "Le Père Noël ne meurt jamais, chaque année il est là pour déposer les cadeaux". Ah mais madame la maîtresse on sait bien à 6 ans que personne ne meurt jamais (à part Jésus qui a résuscité mais ça c'est un autre débat).
Donc, tu as profité d'une promenade avec ton papa ce samedi matin pour lui poser THE question. Arthur Miller a honoré son double engagement. Il a attendu que je sois là pour réaborder la question avec toi ce même samedi, après le déjeuner, pendant la sieste de ta petite soeur. "Tu te souviens Elisa la question que tu m'as posée ce matin ?". Tête étonnée de mon aînée qui fait "non". J'aurais voulu alors que le temps s'arrête et gommé ce samedi matin.
Il était 14h34 quand tu as appris que le Père Noël n'existait pas. La plus émue n'était pas celle que l'on croit. Ta seule préoccupation a été de savoir si nous vous laissions seules, ta soeur et toi, la nuit de la Saint Sylvestre, pour aller acheter tous les cadeaux.
Voilà, il était 14h34 ce samedi 24 janvier 2015 et déjà un de mes bébés enfants ne croyait plus au Père Noël.
Puis dans l'après midi tu as décrété que tu ne croyais pas en Jésus.
Puis dans la nuit, tu as fait une gastro.
Et la vie continue. Sans une petite part de moi abandonnée ce samedi.