Leçon de vie

Combien excatement ? 365 * 6 + 31 + 8... bref, depuis sa naissance, beaucoup de soirées à lui donner une douche ou un bain et là, en quelques jours, formelle interdiction pour moi de rentrer dans la salle de bains parce qu'elle me fait-la-surprise-de-tout-faire-toute-seule-maman.

Well well well. Una ange passe. Et je vieillis. Et elle grandit. Leçon de vie à 42 ans.

Hier, pour faire plaisir à me seconde, une copine à goûter. Je savais que ça lui faisait très plaisir. D'ailleurs à peine arrivées à la maison, j'entends Margaux adresser à sa copine un "tiens je te donne cette baguette magique". Je ne bronche pas mais trouve quand même étonnant que Margaux dispose ainsi des jeux de la maison sans m'en parler au préalable. Bref. Les filles jouent. Puis les filles se disputent. La copine refuse de rendre la baguette. Margaux est en pleurs. Alors, ma fille, j'avais pas prévu si tôt de t'apprendre le poids/engagement des mots mais là va falloir y aller.

Expliquer. Tenir bon. Positiver. Câliner. Moucher. Caresser. Prendre dans les bras. Expliquer à nouveau. Différemment. Tenir bon. S'occuper aussi de la copine un peu impressionnée par la situation. Et regretter amèrement l'arrêt de la tétine.

Gros chagrin de Margaux. Longtemps. Avec de grosses larmes toutes rondes. On en a reparlé le soir avec Arthur Miller. On en a encore parlé ce matin car elle avait rêvé de la situation. "Non ta copine n'est pas méchante". "Non donner ne signifie pas prêter". "Oui donner c'est donner reprendre c'est voler". Oui la prochaine fois tu diras "tiens je te PRETE cette baguette magique". 

Leçon de vie à 4,5 ans. C'était dur. Je remercie la maman toute embêtée devant le gros chagrin de Margaux d'avoir respecté ma ligne de conduite et d'être repartie avec sa fille et la baguette.

Et après cette tempête et le calme retrouvé j'ai eu une envie folle d'écouter Nina Simone.

Comments

[Le Chat]

Anna >> Euh en l’occurrence le canapé m'appartient donc non elle n'en dispose pas comme elle l'entend ! Je l'ai donné à la collectivité familiale donc il faut la majorité pour en disposer :)

En revanche de ses jouets, des cadeaux qu'elle a reçus, ma fille en dispose comme bon lui semble. Donner c'est donner....



Magali >> oui c'est vrai Magali j’aurais dû m'assurer qu'elle avait bien saisi le sens du mot employé et intervenir au quart de tour...mais j'arrivais chez moi avec trois bambines excitées, les bras chargées de leurs manteaux, fatiguées de la journée, etc. bref moment de faiblesse d'être humain :)



Tacha >> grand moment de télépathie... je n'aurais pas mieux répondu :)



Cash cash >> je ne suis pas sûre que le monde se porterait mieux (moins pire) si tous les dons reçus étaient un jour repris par ceux qui les avaient offerts... mais bon peut-être que je me trompe ?!!! En tout cas j'ai préféré apporter ces deux leçons : à ma fille, le sens de la parole donnée et la prise en compte de l'autre (qui a reçu le cadeau avec joie), et à son amie, la douceur de pouvoir profiter d'un cadeau reçu...

Mais c'est vrai j'aurais pu aussi reprendre la baguette en expliquant à ma fille que qu'encore trop petite elle s'était trompé de mot (vexation) et à son amie que le monde était bizarre : elle croyait pouvoir s'abandonner à la douceur et à la joie d'un cadeau reçu mais que finalement non, ici, chez moi, sur cette terre, tout pouvait être remis en question (anxiété)... Et surtout mais ça tu ne pouvais pas le deviner : il y avait à la maison 3 baguettes donc ma fille même en en donnant une en avait une autre pour elle ! Dans cette situation, la flexibilité se trouvait là, dans le nombre :)

[Le Chat]

Opio >> arf cela ne m'aurait pas aidé.. et c’est Charlie qui serait repartie en pleurant :(



Kloelle >> ou comment mettre un peu de poésie dans un monde de brutes :)



Cloudy >> arf merci de présumer que je ne suis pas restée à la version de sardou :-p

yesss je suis jeune :)



Lulu >> merci Lulu oui c’est mon intime conviction...apparemment pas partagée par toutes mais chacun est libre avec ses enfants de faire comme bon lui semble... en revanche là où nous somme stous solidaires c'est de construire un monde meilleur pour nos enfants où le respect de la parole donnée éclaire nos vies :) Je vous embrasse.



Miss Zen >> oui on peut lâcher et privilégier l'instant T ou pour se faire aimer aussi ou tenir et privilégier le long terme... et se faire aimer quand même :)



Lolli >> grand moment de solitude effectivement... comme j'aurais aimé qu'Arthur Miller soit là... mais bon parfois on est seule aux commandes, à un tournant... on peut choisir de reporter la leçon de vie parce que trop "dure" ou bien y aller, seule... ma fille m'aime toujours ouf :) Oui nina simone ça assure pour s'évader et s'apaiser :)



Célestine T >> ça me fait penser à un autre épisode : une sortie scolaire, en petite section, où j'aidais la maitresse. Un bambin jette sciemment son gant par terre... 1er réflexe je me baisse et lui tends, temps de réflexion... je le remets par terre et lui dis : tiens tu ramasses ton gant bonhomme ?

Et je me souviendrais toute ma vie du regard reconnaissant de la maîtresse... :)

[cash cash]

Je partage l'opinion de Magali. Tant de drames se déroulent dans le monde au nom de "l'inflexibilité de la parole donnée", qu'il me paraît plus judicieux d'apprendre aux enfants qu'ils peuvent se tromper, revenir en arrière, réparer leurs erreurs, etc.

Il faut dire que j'ai souvent (mais pas toujours) cédé aux caprices de mes enfants quand ils étaient petits... Flexibilité, toujours: le maître-mot pour moi de l'éducation... Et mon fils, qui a aujourd'hui 18 ans, est la personne la moins capricieuse que je connaisse!!!

Ceci dit, j'apprécie beaucoup la simplicité et la tendresse avec laquelle tu nous dévoiles ces petits moments d'intimité familiale :)

[anna]

@ tacha : je comprends tout à fait votre réaction, j'ai moi meme eu droit à ce genre de réflexions étant enfant :( mais aujourd'hui je fais la part des choses, et sans pousser à l'extreme, je pense qu'il est important de rappeler à l'enfant les limites... dans les paroles, et dans les actes.

[Tacha]

@anna

Il me semble que les jouets d'un enfant sont à lui, point. Il y a des possessions communes dans une famille (et pas juste à celui qui les a payées...) et des choses personnelles (livres, jouets...). Votre réaction me rappelle les réflexions de mon père lorsque j'étais enfant : "tout est à moi ici, rien ne t'appartient, tu es chez moi!". J'ai aujourd'hui 43 ans, cette phrase est restée gravée dans ma mémoire. Je ne me suis effectivement jamais sentie chez moi chez lui dans ce que j'aurais du appeler "ma maison" ou "chez moi", toujours eu l'impression d'être à l'extérieur...

J'aurais peut-être effectivement vérifié que ma fille comprenait bien ce qu'elle disait mais on ne peut pas non plus toujours être partout en même temps et penser à tout. Nous ne sommes que des êtres humains ;-)



Ca n'a pas du être facile de lui tenir tête, Le Chat, mais j'aurais fait comme toi. Des bises <3