Emotions
Donc, ma seconde pépette a eu 5 ans. Demain, déjà deux mains pour compter.
C'était hier. Et pourtant c'était dans une autre vie, si lointaine. J'ai connu en 5 ans plus d'émotions qu'en toute ma vie. La stupeur d'abord de découvrir cette ligne rouge (ou bleue je ne sais plus). La peur ensuite. Parce que mon 6ème sens me disait combien ça allait être difficile (oui ce 6ème sens que ma belle-famille a nié en s'étonnant de ma réaction, en me disant "tu verras au jour le jour"), parce que deux accouchements en moins de 18 mois, c'est difficile pour le corps, parce qu'être maman d'enfants d'âge rapproché c'est difficile, parce qu'être maman à l'approche de la quarantaine, c'est difficile, parce que dans mon cas, celui d'une fille née d'une mère déconnectée de la maternité, c'était déjà difficile d'être maman. Alors, puissance deux, c'était pour moi l'Hymalaya et je n'avais pas envie de cette escalade.
Maintenant, 5 ans après, je crois que je serais enfin une super bonne maman pour les premières années. Je saurais savourer. Prendre le temps. Amener mon enfant au monde. L'éveiller. Le mener sur le chemin. L'accompagner avec moins d'angoisses, de craintes, de fissures.
Mes filles n'ont pas eu cette chance-là. Elles ont écopé d'une "maman-prototype".
Hier, une maman m'a demandé une service parce que je suis, m'a t-elle-dit, "une maman réactive et attentive". Je crois que c'est la première fois, en dehors de mon cercle d'intimes-très-intimes-qui-ne-me-veulentque-que-du-bien, que mon rôle de maman est qualifié avec bienveillance. Alors certes, je suis TROP réactive et TROP attentive, mais quand même, des mots positifs ont été posés sur me rôle de maman et cela m'a fait du bien.
Pour continuer dans la série des émotions, il y a maintenant, de plus en plus souvent, la joie. Mais avant il y a eu beaucoup de colère. Contre ceux qui auraient pu nous aider mais ne l'ont pas fait. La tristesse qu'apporte la fatigue qui englue, qui submerge, qui envahit, qui isole. Et puis, maintenant, il y a la fierté. Quand je regarde ce que j'ai réussi. Ce que nous avons réussi Arthur Miller et moi. Et croyez-moi, ma pudeur me fera juste écrire que cela a été difficile.
Mais voilà, 5 ans après, je sais faire des gâteaux Hello Kitty (merci la blogosphère), gonfler 20 ballons sans être essoufflée, improviser un gâteau d'anniversaire avec 5 4 macarons et 5 bougies recyclées. J'apprends à innover, j'apprends à lâcher du leste.
Je suis la maman de deux petites filles de 6 et 5 ans et quel bonheur de les entendre rire ensemble, se raconter leur rêve ("et tu sais quoi ?! moi hier j'ai rêvé que je faisais une bataille de boules de neige avec Olaf et..."), de voir naître leur complicité quand la rigidité parentale prend le dessus, de s'étonner de leur perpétuel goût du jeu (deux gobelets, une bassine d'eau et hop, la créativité fait le reste), d'être surprise par leur sens de l'humour.
Désolée pour ce billet fleuve mais la fin de l'année me rend toujours nostalgique, à fleur de peau. A regarder derrière et déjà demain. A deux mains maintenant.