La bague au prologue
Hier soir il est rentré avec un brin de muguet à la main.
Heureuse de cette initiative anticipée, je lui ai répondu "Merci".
Mais il m'a dit "Non, c'est pour Elisa".
Surprise et un peu déçue, je n'ai pas pipé mot.
Puis il m'a tendu un autre brin de muguet et une boite rouge
et il m'a dit "Pour toi, c'est ça".
Consciente de la valeur du présent et du fait que ce moment rare
ne se représenterait pas de si tôt,
j'ai savouré ce moment délicieux
que représente celui de recevoir un cadeau depuis longtemps rêvé.
Trop émue, je n'arrivais même pas à ouvrir la boite rouge.
Alors c'est là qu'il m'a dit
"parce que tu as été une chouette femme enceinte
et que tu es une chouette maman".
Merci Elisa Arthur Miller. Merci d'être ce gentleman
si galant et si compréhensif.
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Parce qu'il faut bien que je l'avoue. Cette histoire "so romantique" avait bien mal commencé. Voici donc le prologue dont je ne suis pas fière. Pas fière du tout même.
#PROLOGUE#
Nous étions à peine rentrés de la maternité qu'Arthur Miller me déclarait vouloir me faire un cadeau pour la naissance d'Elisa. Je revois très bien la scène. Lui devant le bar de notre cuisine américaine, moi, affalée dans le canapé du salon, la jouant Grand Seigneur en lui répondant "je ne veux pas de cadeau, mon plus beau cadeau c'est notre petite fille en bonne santé".
Passent les jours. Puis les semaines. Aussi difficiles les unes que les autres. La fatigue, elle, ne passe pas, bien au contraire. Elle s'incruste, s'accumule, bouche chaque pore de ma peau. Et un soir plus difficile que les autres, frôlant l'asphyxie, j'explose. Je me plains de ne même pas avoir eu de bouquet de fleurs ou de cadeau pour la naissance de notre fille.
J'imagine qu'Arthur Miller a du être surpris de cette attaque sournoise. Mais il ne m'a rien montré. Rien reproché. Il m'a prise dans ses bras et m'a consolé.
Et moi j'étais pétrie de honte. C'est pas beau de demander. C'est pas beau la mauvaise foi. C'est pas beau de réclamer. C'est pas beau d'être matérialiste.
Mais voilà, parfois Le Chat il est pas beau.
Alors encore une fois : merci Arthur Miller d'être ce gentleman si galant et si compréhensif.