Bonne nuit les petits
Ma mère me poursuivait pour me tuer.
Nous étions dans un parking souterrain. Celui de mon enfance. Je devais jongler entre ascenceur et escaliers pour ne pas me retrouver face à elle. Je faisais preuve d'un extrême sang-froid avec un seul objectif en tête : lui echapper. Mon cerveau tournait à 100 à l'heure. Pas de répit, juste la reflexion nécessaire à ma survie. Acuité de l'urgence.
Réfugiée dans l'ascenceur, j'appelle une amie (qui porte le même prénom que moi). Je m'appelle donc. Pour me rassurer, me dire que je serai en retard mais que je suis vivante. Etrangeté des rêves : je ne tombe ni sur "elle", ni sur sa messagerie mais sur un message qu'elle m'a laissé, en pleurs, se désolant de me voir encore en vie sur une photo, me pensant donc morte sans avoir rien pu faire.
Puis j'appelle mon père. Deuxième étrangeté des rêves : je ne lui dis pas que j'ai echappé à ma mère (vérité déjà trop lourde même en rêve ?) mais que j'ai retrouvé le meurtrier de ma soeur, qui a également essayé de me tuer mais que tout va bien, que je suis vivante. Mon père répond "oui oui d'accord". Aucune émotion dans sa voix. Aucune joie. Aucun soulagement. Une voix blanche qui me surprend. Il me passe Clint Eastwood (...) qui me rassure et me dit qu'il arrive.
Je le rassure également : entre temps, une foule de jeunes a débarqué dans l'ascenceur, je ne suis plus seule. Je leur demande de l'aide, de me cacher, de me protéger jusqu'à l'arrivée des flics. La menace s'éloigne. Je me sens enfin en sécurité.
Fin du cauchemar. Réveil en sursaut.
Mains moites. Bouche sèche. Mes yeux ne veulent plus se refermer de peur de me replonger dans cette horreur. Il est 1 heure du matin. Je suis dans mon lit, incapable de bouger. Anesthésiée par la violence du scenario que mon esprit a osé imaginer.
Je viens d'échapper à ma mère qui voulait me tuer. Mon père ne s'est pas émue de mon appel. Arthur Miller dort. Les filles aussi. Je suis seule pour me consoler.
Il est des solitudes plus cauchemardesques que d'autres. Je crois pouvoir dire que celle que j'ai vécue cette nuit en faisait partie.
PS : Forcément je cherche depuis ce matin les faits réels qui ont pu alimenter ce cauchemar. J'ai vu hier Deep End au ciné, mon amie (celle que j'appelle dans l'ascenceur) a perdu sa meilleure amie l'année dernière et nous avons récemment parlé ensemble du manque cruel qu'elle ressent, j'ai regardé hier soir à la télé un film de flics, sans Clint Eastwood certes mais avec des flics, des poursuite et tout le tralala qui va avec. Quant au reste, il reste mystérieux. Ou pas.
PS2 : A part ça, ça va. Et vous ?
PS3 : J'en connais une qui va encore penser que je suis torturée. Et elle aura bien raison. Faut que je lise Les Falaises.