Olé
Samedi après-midi, dans la foule parisienne, visite au marché aux fleurs que la reine d'Angleterre vient de rendre célèbre le matin même.
Deux par deux, Arthur Miller et ma grande, moi-même et ma petite, main dans la main, au coeur du flot des passants.
Devant nous, des cheveux rouges que je reconnais.
"Tiens, Arthur c'est pas ta tante devant ?"
L'homme ne se mouille pas.
Deuxième effet kiss cool :
"Mais, dis Arthur, la dame qui lui tient le bras là devant nous, c'est pas ta mère (qui a choisi il y a 4 ans de quitter Paris pour aller vivre à 500 km de ses seules petites-filles et accessoirement de ses deux seuls enfants) qui est censée être chez elle en Bretagne ?!"
L'homme ne se mouille toujours pas et serait je suis sûre capable de me dire le soir-même "Mais non tu as rêvé !".
Alors, dans la foule qui aurait pu servir d'alibi, de prétexte à masquer l'évidence qui nous clout quand même sur place par la violence de la situation, je force la réalité à se démasquer : "Belle-maman ?! Belle-maman ?!".
Elle se retourne.
"Bonjour, voici vos petites-filles."
S'en suit un certain malaise ponctué de phrases à la con : "Ah, on allait vous appeler demain matin pour passer demain matin", "Ah vous ne pouvez pas demain matin ? Ah ben.... euh... venez manger une quiche ce soir ?", "demain après-midi ? ah ben justement on est venu à Paris pour l'anniversaire du frère de grand-père qui le fête demain".
Je les regarde avaler leurs couleuvres en famille.
Mais moi c'est pas ma famille. Alors je vois. Et je vois que la seule conclusion qui s'impose c'est que malgré les p*tains de couleuvres qu'ils essaient tous de se faire avaler y a en face de moi deux grands-parents qui ne sont pas étouffés par le désir/le besoin/l'amour de voir leurs petites-filles.
Olé.
Basta.
Violence silencieuse et invisible de la vie familiale.