La suite
Quelques jours OK et puis "pouf". Le vendredi de la semaine de la rentrée, j'ai récupéré une Margaux les yeux rougis de trop de pleurs. Elle a craqué. Depuis la cantine elle pleurait. Comment maman survivre à cette info ? Je ne sais pas, mais on y survit. Des pleurs, la nuit, des pleurs tout le we. Jusqu'à ce que j'entende un "j'ai mal à l'oreille". Alors lundi matin coup de fil à la pédiatre. Otite donc.
Depuis ? ça reste difficile. Le matin. A la cantine. La nuit parfois.
Vendredi dernier, récupéré ma grande un oeil au beurre noir. Personne ne savait rien. Aucun adulte pour me renseigner. Comment maman on survit à ce genre de situation ? Alors j'ai fait un scandale, ai exigé de voir la directrice immédiatement. Car si moi je ne le fais pas, qui le fera à ma place ? Personne. Alors j'assume le mauvais rôle de mettre en lumière deux erreurs inconcevables : que l'info n'ait pas circulée jusqu'à moi (que ce soit en journée par téléphone ou le soir à la sortie de l'école), que la douleur forcément ressentie par ma fille n'ait pas été prise en charge sur le moment par un glaçon et, soyons fous, par un glaçon. Colère donc.
Puis dans la nuit de vendredi à samedi, vomissements. Lien de cause à effet ? Gastro ? Comment maman on survit à ce genre de questionnement en pleine nuit ? On survit. RV chez la pédiatre. Gastro donc.
On survit mais à quel prix ?
Chaque jour passe, on se demande comment on va réussir à affronter les RV pro, le boulot, faire tourner la maison, faire les comptes, gérer les distorsions au sein du couple qui rejaillissent toujours aux mauvais moments, les deuils de ces gens vivants qui disparaissent et sur lesquels on a eu la faiblesse de croire un jour pouvoir compter. Mais je progresse. De ces gens-là dorénavant je me passe. Bienheureuse que finalement leur tristesse, leur étrange façon d'aimer ne polluent pas plus le quotidien de mes filles.
Un pas devant l'autre. Toujours debout. Parfois comme un robot. Parfois humanisée par un éclat de rire qui jaillit. Rare. Trop rare. J'ai la nostalgie de mon année de seconde et de mes fous rires.
J'ai la nostalgie de la légèreté.
PS : ai acheté presque toutes vos lectures préconisées, j'attends leur livraison, merci. Oui je suis lente à la détente.
Edit : Arf à la lecture du commentaire d'Aurore je m'en veux de mon manque de précision : l'oeil au beurre noir de ma grande n'est pas le fait d'un coup donné par un(e) copain/copine mais d'une balançoire sur ressort à côté de laquelle elle était accroupie. Enfin, c'est ce qu'elle m'a dit et que je m'applique à croire.